Contexte
Coiffeur depuis ses débuts professionnels, M. Samuel Cohen avait l’habitude, comme ses confrères, d’utiliser des produits de coiffage contenant des composés chimiques. La coiffure nécessite en effet toute une gamme de produits pour laver, démêler, réparer ou teindre les cheveux. Dans chacun d’eux, les fabricants incorporent des produits comme des polymères, des alcools de synthèse, des dérivés de l’acide thioglycolique et du peroxyde d’hydrogène. Le professionnel a un contact quotidien avec ces substances qui peuvent avoir des effets secondaires indésirables. M. Cohen est ainsi devenu allergique aux produits qu’il utilisait, ce qui lui a imposé de ne pas travailler. Il était donc confronté à une unique alternative : soit arrêter son métier, soit se passer des produits chimiques. Le deuxième choix nécessitait une remise en cause radicale de ses habitudes mais s’est naturellement imposé. Il a donc redécouvert les vertus des produits naturels composés essentiellement de plantes, de silice ou d’argile.
M. Cohen a prolongé son action en engageant une démarche écologique globale. Il a alors transformé entièrement le salon, une attitude récompensée en 2010 par l’octroi, très rare en France et unique en Ile-de-France, du label trois étoiles du développement durable. Créé en 2009 par l’ADEME et délivré par l’AG2R, le label « développement durable, mon coiffeur s’engage », atteste la démarche volontaire entreprise par le salon en faveur du développement durable et la prise en compte de sa responsabilité sociétale et environnementale (RSE).
Présentation du projet
La certification trois étoiles du développement durable se fait après avoir répondu à un référentiel de 80 questions réparties dans 5 grands thèmes. Chaque question se voit attribuer un certain nombre de points dont le total permet de se voir décerner une, deux ou trois étoiles. Après audit d’Ecocert et engagement du coiffeur, le label est attribué. « C comme autrefois » a reçu la plus haute certification, les trois étoiles.
Élimination des produits chimiques
L’essentiel de la démarche concerne l’élimination des produits chimiques de synthèse qui, une fois relâchés dans l’environnement, perturbent souvent les processus biologiques, notamment ceux de la reproduction.
La démarche concerne les produits de coiffage du salon mais également la peinture intérieure. Pour la peinture utilisée sur les murs, de marque Biofa, elle a été faite sur mesure, garantie 100 % naturelle et microporeuse, elle laisse respirer les murs. Les produits de coiffage ont été sélectionnés au fur et à mesure pour leurs qualités propres à partir des gammes naturelles des fabricants européens. À cet égard, il faut noter que l’offre française est encore peu développée. De l’eau dynamisée (enrichie en ions négatifs) augmente l’action des produits en plus d’avoir des vertus antioxydantes et tonifiantes. Les produits d’entretien et la lessive utilisés sont eux aussi entièrement biologiques.
Recyclage et économies d’énergie
Tous les appareils électriques ont été choisis en fonction de leurs performances énergétiques. Ainsi, toutes les ampoules sont à basse consommation, les sèche-cheveux sont parmi les moins gourmands en électricité. Pour le chauffage, le choix s’est porté sur une chaudière à condensation, plus économique. En été, le salon, à l’aération étudiée, permet de se passer de climatisation. Au final, la consommation électrique a diminué de 40 % en trois ans.
Les emballages, en carton pour éviter le plastique non biodégradable, sont tous récupérés et recyclés.
Une démarche pédagogique
Les coiffeurs sont souvent à la pointe de l’innovation dans le monde de l’artisanat comme l’atteste le label du développement durable qui est le seul label à prendre en compte tous les aspects de la vie professionnelle. Pour valoriser et diffuser au mieux les bonnes pratiques, les 100 premiers labellisés (comme M. Cohen) ont accepté de servir d’ambassadeurs auprès de leurs collègues mais aussi des professionnels d’autres secteurs. Ils se déplacent donc dans toute la France et reçoivent aussi des stagiaires (qui peuvent venir de l’étranger) dans leurs propres salons de coiffure.
Un projet innovant
Le label du développement durable AG2R, spécifiquement conçu pour les salons de coiffure, n’a été donné qu’à « C comme autrefois » dans les Yvelines. Le niveau le plus élevé (3 étoiles) n’a été attribué qu’à quelques salons dans toute la France.
Conditions de reproductibilité
Cette démarche peut être adoptée par tous les salons de coiffure. Ce volontarisme ne coûte pas plus au final qu’une gestion traditionnelle et même plutôt moins à long terme. La formation est la clé de tout. Les coiffeurs désireux de changer de pratique doivent faire l’effort de se former pour acquérir de nouvelles pratiques, ce qui prend du temps.
Témoignage
Samuel Cohen, gérant du salon « C comme autrefois »
Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la mise en place de votre démarche écologique ?
« Les difficultés ont été de mettre au point les préparations de colorations végétales pour obtenir un résultat correspondant à la demande des clients et de transmettre le savoir au personnel »
Quel bilan tirez-vous de votre nouvelle approche écologique et en particulier sans produits chimiques ?
« Le bilan est positif à tous les points de vue : pour les clientes, le personnel, l’environnement. C’est une progression pour l’avenir de la profession. »
Auriez-vous un conseil à donner à ceux qui veulent changer leur pratique ?
« Il serait souhaitable dans un premier temps d’adopter le label développement durable qui permettra une modification des comportements. »
Bilan environnemental
– Élimination quasi-totale des produits chimiques
– Réduction de la consommation électrique
– Conditions de travail améliorées
Bilan économique
– Coût de fonctionnement global équivalent à celui d’un salon classique
– Économies de 40 % sur la facture d’électricité
Certification / distinction
Label trois étoiles du développement durable des institutions de la coiffure