Contexte
Présentation de la démarche
Les jardins s’articulent autour d’une éolienne, élément clef de l’aménagement des jardins. Située à un niveau topographique adéquat, elle stocke l’eau des sources locales dans une cuve placée à la même côte altimétrique que 3 réservoirs de stockage répartis stratégiquement dans le jardin. L’éolienne distribue cette eau par capillarité (système de communication entre les cuves enterrées permettant l’arrosage). Ensuite, cette eau est utilisée directement par les jardiniers qui la pompent manuellement au niveau des réservoirs de stockage. Il s’agit au total d’une réserve de 11 500 litres d’eau qui, ainsi accumulée, sert non seulement à l’entretien des jardins familiaux mais permet aussi aux camions citernes municipaux de venir s’alimenter pour l’arrosage de l’ensemble des massifs et des bacs mis en place dans la ville. Cette eau sert également au nettoyage des rues et des trottoirs, puisqu’elle est utilisée par les balayeuses motorisées de la ville. Dans le parc des jardins de Verneuil, de nombreuses sources existent et ont été captées. Un système de récupération des eaux de pluie a aussi été mis en place. Avant, l’eau partait directement aux égouts. Après étude de diverses solutions, il a été décidé que cette eau soit stockée dans des réserves de cuves grâce à ce système de pompage écologique utilisant la seule force du vent. En outre, les toits de chaque cabane présente sur les parcelles captent l’eau, permettant une réserve d’eau de 300 à 1 000 L pour son utilisateur. Exemplaire, cette éolienne sert d’objet de démonstration pour les écoles qui bénéficient par ailleurs de trois parcelles de culture à but pédagogique. Les accueils de la Ville et les écoles élémentaires de la ville bénéficient d’une parcelle. Les enfants peuvent s’initier à la culture de fruits, fleurs et légumes et découvrir la biodiversité (y compris avec l’hôtel des insectes). Les jardins, dans leur ensemble, permettent d’appréhender un grand nombre d’espèces. Par ailleurs, aucun produit phytosanitaire n’y est employé. Les jardins familiaux sont des espaces de culture groupés, constitués de parcelles dissociées de l’habitat. Ils sont équipés d’une tonnelle ou de chalet, d’un point d’eau et d’équipements collectifs. Les produits phytosanitaires sont strictement interdits ; les utilisateurs pratiquent le tri sélectif et la gestion des déchets verts. Par ailleurs, une petite mare permet le déploiement des grenouilles, canards sauvages et de nombreuses espèces d’oiseaux qui créent leurs nids sur les arbres.
Les jardins sont gérés par des associations déclarées et reconnues d’utilité publique. C’est auprès d’elles qu’il faut s’inscrire pour obtenir une parcelle à cultiver en s’engageant à respecter le règlement, entretenir les parties communes, soigner le caractère paysager du jardin, ne pas faire commerce du fruit de son jardinage. Pour prétendre à l’une des parcelles, il faut bien sûr être Vernolien et ne pas posséder de jardin personnel. La plupart des utilisateurs habitent donc en habitat collectif.
Un projet innovant
La gestion de l’eau par une éolienne reste peu répandue. Autre originalité, l’ouverture au public et en particulier aux scolaires qui peuvent concrètement s’initier aux enjeux écologiques. Les Jardins sont complètement ouverts au grand public, ce qui en favorise la portée pédagogique (en plus de l’agrément). Cette ouverture reste encore rare sur le territoire du Département. En récompense de ces efforts, les jardins familiaux de Verneuil ont reçu le Grand Prix des collectivités et territoires d’Île-de-France 2004 ainsi qu’une mention 2004 du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement des Yvelines
Témoignage
M. Charlie Griggio, Créateur et responsable du jardin
Quelles ont été les difficultés rencontrées ? « Nous avons rencontré des difficultés techniques énormes. La zone était très humide, le sous-sol difficile. On a été obligé de capter toutes les sources et de drainer à un seul endroit, d’où l’importance du coût de la réalisation, mais ça a eu l’énorme avantage de permettre la récupération d’une grande quantité d’eau, beaucoup plus qu’il n’en faut puisqu’on est excédentaire. Il n’y a même pas besoin de pomper pour alimenter les cuves qui servent aux services municipaux, l’eau s’y écoule par la simple action de la gravité. Du coup, l’éolienne sert surtout à pomper l’eau pour remonter vers les réservoirs des jardins du haut (il y a 7 ou 8 m de dénivelé). »
Le jardin bénéficie-t’il d’améliorations constantes ? « Il avance tous les jours. Par exemple, tous les ans, on a une dotation en arbres fruitiers – parce qu’on ne veut pas que les jardiniers mettent n’importe quoi. Sur les deux dernières années, on a eu 30 pommiers Coloner qui ont la particularité de pousser droit aves les branches qui ne partent pas. Ils ne dépassent pas 3 m de haut et on ne risque donc pas de gêner les voisins. »
Le bilan environnemental et économique est-il conforme aux objectifs ? « Le bilan environnemental est excellent, c’est certain. Quand vous voyez l’aspect général des jardins, c’est top. Et puis, il faut voir les enfants qui viennent dans le cadre scolaire ou le samedi avec leurs parents pour voir les jardins ou pour travailler après avoir discuté avec l’institutrice, il y a de l’enthousiasme. L’aspect pédagogique est très réussi et nous en sommes fiers. Il arrive fréquemment qu’il y ait 100 enfants sur le site. C’est un vrai bonheur. »
Conditions de reproductibilité
Les jardins familiaux collectifs destinés aux particuliers urbains sans accès à un jardin deviennent courants dans les Yvelines (Rambouillet, Poissy, Montesson etc.). Ce projet particulier présente plusieurs caractéristiques qui peuvent être généralisées : accès au public (grand succès), aspect pédagogique (ouverture aux scolaires), aspect technique écologique et innovant sous la forme d’une éolienne assurant le stockage de l’eau, création d’une zone humide reprenant le biotope naturel et favorisant la biodiversité.
Bilan environnemental
- Stockage de l’eau des sources locales qui se déversaient auparavant directement dans les égouts.
- Récupération de l’eau des toits
- Utilisation de cette eau pour les jardins mais aussi pour tout l’arrosage municipal
- Amélioration de la biodiversité
- Sensibilisation de la population à la biodiversité et au respect de l’environnement
Bilan économique
271 567 € HT
Dont coût de l’éolienne : 15 000 €
subventions :
207 900 € (soit 77 % de l’investissement)
Prix et distinctions
- Grand Prix des collectivités et territoires d’Île-de-France 2004
- Mention 2004 du Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement des Yvelines