Contexte
L’alimentation eau potable des 26 000 habitants de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet relève de la responsabilité du Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Verneuil Vernouillet (SIEAVV). L’eau distribuée aux habitants provient d’une nappe phréatique dans laquelle l’eau est pompée par des forages profonds de 15 mètres. Cette nappe est alimentée par l’étang de Gallardon, et surtout par les eaux de la Seine, ce qui entraîne un fort apport en ammonium.
Soucieux de pérenniser sa ressource naturelle en eau et de prendre en compte dès en amont les problèmes de qualité des eaux de la nappe, le Syndicat de Verneuil Vernouillet s’est engagé avec l’appui technique de la Lyonnaise des Eaux dans une démarche innovante : la Géofiltration®.
Développé par la Lyonnaise des Eaux, ce procédé écologique permet de diminuer la teneur en ammonium des eaux souterraines en s’appuyant sur les capacités épuratoires des sols. Il constitue une alternative économiquement intéressant au traitement traditionnel des eaux brutes et permet en outre de restaurer des zones humides, stratégiques pour le développement de la biodiversité.
Présentation du projet
Principe de fonctionnement
Le procédé de Géofiltration® combine le pompage de l’eau souterraine et la réalimentation artificielle de la nappe phréatique. La circulation de l’eau dans des milieux successivement sous oxygénés du sous-sol et oxygénés des bassins permet d’abaisser les teneurs en composés indésirables : nitrate, ammoniaque, etc. La filtration est entièrement naturelle, sans réactifs chimiques.
Grâce à cet apport d’eau, ce sont principalement les eaux épurées de l’étang qui alimentent la nappe et non plus les eaux de la Seine. La nappe retrouve durablement une meilleure qualité sans altération des eaux de l’étang.
Mise en œuvre par le SIEAVV
Dans le cas du site de pompage de Verneuil Vernouillet, il s’agit de pomper l’eau de la nappe pour alimenter l’étang du Gallardon. L’eau repasse ensuite dans la nappe phréatique en traversant le sous sol de l’étang et en perdant une partie de ses composés indésirables.
En complément des sept forages d’alimentation du SIEAVV, ce projet a nécessité la création de deux nouveaux forages entre la Seine et l’étang du Gallardon, ainsi que leurs équipements (alimentation électrique, génie civil, canalisation, chemin d’accès). L’eau de la nappe phréatique de Verneuil Vernouillet est prélevée à une profondeur de 15 mètres puis injectée dans l’étang du Gallardon, à un débit instantané pouvant atteindre 200 m³/h. Le niveau du Gallardon est suivi en temps continu par une sonde piézométrique, de façon à stopper la réalimentation, passé une certaine hauteur.
Premiers résultats observés
- Réduction des teneurs en ammonium de la nappe phréatique
La comparaison des teneurs en ammonium avant et après la mise en place du procédé de Géofiltration® montre une diminution significative de cet élément indésirable dans les eaux souterraines. La concentration en ammonium mesurée a été réduite de 2% à 80% sur 9 des 10 points de mesures analysés au droit des forages du champ captant. L’ensemble des forages du champ captant est maintenant mobilisable pour la production d’eau potable, la teneur en ammonium des eaux brutes étant inférieure à 4 mg/L (limite de qualité pour les eaux brutes).
Par ailleurs, le procédé Géofiltration® a également permis de diminuer les concentrations d’autres substances indésirables comme le fer ou le manganèse (baisse de 50% des teneurs en ces éléments sur certains ouvrages).
- Régénération d’une zone humide : l’étang du Gallardon
La réalimentation de l’étang du Gallardon par l’eau de la nappe phréatique permet le maintien, voire le développement de la zone humide. Classée en Zone d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique, cet étang constitue un réservoir de biodiversité pour le territoire. Il abrite une grande diversité d’habitats naturels ainsi qu’une faune et une flore variées, inventoriées en 2003, et appelées à se développer.
- Des économies d’investissement
En s’appuyant sur la capacité épuratoire naturelle de la zone humide et des sols pour prétraiter les eaux brutes le procédé de Géofiltration® a permis au SIEAVV d’éviter un surcroît de dépenses liées aux traitements des eaux brutes.
Un projet innovant
Le procédé de Géofiltration® a fait l’objet d’un dépôt de brevet de la Lyonnaise des Eaux.
Sa mise en œuvre à Verneuil Vernouillet constitue la deuxième réalisation de ce type dans les Yvelines, suite à l’expérimentation en 2006 au niveau du champ captant de Flins-Aubergenville.
Témoignages
M. DUZAN, hydrogéologue à la Lyonnaise des Eaux
Quel bilan tirez-vous du projet dans son ensemble ?
«L’objectif d’améliorer la qualité de l’eau de la nappe afin d’éviter d’avoir recours à un traitement chimique de l’eau captée est atteint à ce jour. Nos mesures indiquent que la concentration en ammonium a significativement baissé, avec des valeurs inférieures à 4 mg/L en tout point du champ captant. Ce procédé est particulièrement intéressant car il s’appuie sur des principes simples mais nécessite des études préalables poussées pour minimiser les risques liés au milieu naturel ».
Catherine HAMELIN, responsable technique, SIEAVV
Quels sont, selon vous, les prérequis pour mettre en œuvre une telle démarche ?
« Ce procédé peut être mis en œuvre sur un grand nombre de champs captants présentant les mêmes problématique quant à la qualité de l’eau. Il doit être mis en place dans une nappe alluviale et une grande masse d’eau doit être disponible à proximité (un lac ou un fleuve par exemple) ».
Diaporama
Informations clés
Bilan environnemental
- Réduction significative des teneurs en ammonium ;
- L’ensemble des forages du champ captant est maintenant mobilisable pour la production d’eau potable ;
- Réduction de l’usage des réactifs utilisés pour l’épuration de l’eau ;
- Régénération de la nappe phréatique en utilisant le pouvoir épurateur de l’étang du Gallardon (nitrification/dénitrification)
Bilan économique
- Etudes : 50 000 € HT
- Investissement (création des forages d’eau, ouvrages de génie civil et hydrauliques) : 757 000 € HT
Subventions : 556 400 €, soit 74 % de l’investissement
- Fonctionnement
Le syndicat a opté pour une technique dont le coût de mise en œuvre est inférieur à celui d’une filière de traitement traditionnelle.
Coûts d’exploitation et de maintenance : 20 000 euros/an ;
Coût de fonctionnement : 0,0132 € TTC /m³ d’eau produite ;
Contact
SIEAVV 01 39 71 56 08