Contexte
L’association Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL), ayant pour objet la lutte contre le mal logement, a créé un groupe local de solidarité au niveau de la commune de Saint-Rémy-lès-Chevreuse en 2007, avec le projet de réaliser 4 ou 5 logements passerelles, en centre ville, proches des transports en commun afin de faciliter l’insertion de familles en grande difficulté sociale et financière. Comme leur nom l’indique, ils permettent donc un parcours d’autonomie lié au logement. En tant que maître d’ouvrage, elle se trouvait devant deux problématiques :
- la consommation énergétique et l’émission de CO2 des bâtiments existants ;
- l’empiètement des constructions neuves sur les zones rurales en parallèle de dents creuses en centre ville.
La recherche foncière a amené l’association à acquérir un pavillon situé en centre ville de Saint-Rémy-lès-Chevreuse face à la gare RER, le nouveau PLU et la taille du terrain permettant une extension et la réalisation de 5 logements.
Les financements classiques du logement social ont été mobilisés ainsi qu’une participation de la fondation Abbé Pierre et du Conseil général des Yvelines. L’ensemble des subventions attribuées a permis de concevoir un bâtiment de haute qualité énergétique, ayant les performances du BBC (Bâtiment Basse Consommation) neuf.
Après la période d’étude, les travaux ont été engagés en juin 2010. L’accueil des premiers occupants a eu lieu en mai 2011.
Présentation de la démarche
Le terrain
Le projet avait pour objectif la création de 5 logements collectifs dans un pavillon existant en centre ville de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans la rue Ditte. Cette rue, située en face de la gare RER, est longée, d’un côté, par des immeubles à dominante commerciale et de l’autre par les parkings de la gare. La rue elle-même présente un aspect assez disparate, d’immeubles de 1 à 3 étages.
Le terrain est en forte déclivité, l’immeuble étant à rez-de-chaussée (R+Combles) côté rue et à 2 étages (R+2+Combles) côté jardin, soit près de 6 mètres de différence. Il a été décidé de surélever la toiture pour rendre accessibles les combles et obtenir une façade plus importante côté rue s’intégrant mieux aux bâtiments environnants. L’extension a été effectuée côté jardin, sur toute la hauteur du bâtiment.
Le principe de fonctionnement
- pas de parties communes, chaque logement ayant son entrée individuelle ;
- extension en ossature bois, y compris planchers intermédiaires ;
- menuiseries bois triple vitrage au nord (le bâtiment a sa plus grande façade plein Nord) ;
- isolation laine de bois et doublages intérieurs fermacell qui assurent une très bonne isolation thermique, équivalente au BBC neuf, alors qu’il s’agit d’une réhabilitation ;
- chauffage collectif bois (chaudière à granulés) ;
- eau chaude collective solaire, appoint avec la chaudière à granulés ;
- VMC simple flux, pour éviter les contrats d’entretien lourds ;
- panneaux photovoltaïques : électricité revendu à EDF par PROLOG-UES (gain estimé de 1 000 euros par an) ;
- couverture en ardoise afin de mieux intégrer les panneaux solaires ;
- cuve de récupération des eaux de pluie pour l’arrosage du jardin collectif.
Système d’évaluation
L’évaluation se fait grâce à des réunions d’information des locataires menées par l’association gestionnaire, SNL Yvelines. Pour l’instant aucun résultat chiffré n’est disponible mais un constat peu d’ores et déjà être fait : très peu de granulés bois ont été consommés pendant le premier hiver puisque le cendrier de la chaudière a été vidé une seule fois durant l’hiver 2011. Cela s’explique par les très bonnes performances énergétiques du bâtiment qui réduisent considérablement les besoins de chauffage. Par ailleurs, l’isolation par panneaux intérieurs FERMACELL participe à créer une ambiance des locaux saine et agréable.
Un projet innovant
L’opération est particulièrement exemplaire en ce qu’elle contribue à limiter l’étalement urbain par la densification de l’habitat (utilisation d’une dent creuse en ville). L’originalité de la demande tient également dans la mobilisation de bénévoles dans tout le processus de construction (recherche foncière, programmation, recherche de financements dont 15% de fonds propres, suivi des familles logées) ainsi que le choix du bois matériau pour l’extension. Enfin, l’atteinte du niveau de performance BBC neuf pour un tel travail de réhabilitation reste peu courant.
Témoignage
Marie-Hélène Le Petit, Cabinet H=L Architecture
Quel bilan pouvez-vous faire de ce projet ?
« Le bilan est positif puisque, rassemblés autour du projet d’acquisition de 2 ou 3 logements, les bénévoles ont finalement participé à la construction de 5 logements, en centre ville et selon une démarche de développement durable.
Tout n’a pas été facile, pourtant. Une première difficulté est apparue au niveau technique avec un mauvais sol (argile verte) donc des fondations spéciales pour l’extension qui ont alourdi le coût travaux. La taille de projet n’attirait pas les entreprises générales, donc la gestion de chantier en corps d’état séparés s’est révélée plus délicate. »
Quels sont les prérequis pour mener à bien une telle opération ?
« Un prérequis est essentiel : l’accord de la commune sur le projet social et sur le projet architectural (bois apparent). L’utilisation du bois et des matériaux « respirants » est un point fort de ce projet. »
Ce projet peut-il être dupliqué ?
« Oui, tout à fait. Nous avons utilisé une dent creuse en centre ville qui nous a permis d’optimiser les surfaces et les coûts d’entretien en supprimant les parties communes. Les charges locatives ont également été optimisées en privilégiant l’isolation thermique ainsi que des technologies simples et éprouvées pour la production de chauffage, d’eau chaude sanitaire et de ventilation (réduction des contrats d’entretien). »
Informations clés
Bilan économique
Investissement :
Coût total : 929 000 € (soit 2 000 € HT/m²)
dont
- Foncier : 372 000 € HT
- Honoraires et divers : 75 000 € HT
- Travaux : 482 000 € HT
Subventions :
638 000 € (soit 69 % du coût total)
Fonctionnement :
- Réduction au minimum des charges locatives (prévisionnel : 2 € / m² / mois)
- Aucune partie commune à entretenir
- Revente de la production électrique (photovoltaïque) : environ 1 000 € / an
Bilan environnemental
- Consommation énergétique prévisionnelle : 45 Kwh/m²/an (bâtiment avant travaux : 286 Kwh/m²/an), chauffage collectif bois
- Éco matériaux favorisés
- ECS (Eau Chaude Sanitaire) collective solaire appoint bois
- 10 m²de panneaux solaires photovoltaïques
- Limitation de l’étalement urbain et rénovation de logements en centre ville
Certifications/Distinctions
- Certification Cerqual Patrimoine Habitat
- Label BBC Effinergie