Contexte
Le bruit émis par le trafic routier est une source de nuisance importante pour les riverains. Deux éléments en sont la cause principale : le bruit de roulement généré par le contact entre les pneumatiques et la chaussée d’une part et le bruit des moteurs d’autre part. Si, jusqu’à environ 50 Km/h, le bruit généré par les moteurs est prépondérant, le bruit de roulement s’impose au-delà de cette limite.
Jusque récemment, les efforts de recherche dans le domaine de la réduction des nuisances sonores dues au trafic routier se sont concentrés sur le seul traitement des bruits de roulement. Pour ce faire, les entreprises de BTP spécialisées dans la construction de routes ont mis au point des enrobés acoustiques spécifiques pour réduire le bruit généré par le contact pneumatiques – chaussée.
Or, en agglomération, où la vitesse est justement limitée à 50 Km/h maximum, il semble intéressant, afin de réduire l’impact des nuisances dues au trafic routier, de compléter les performances phoniques de ces enrobés acoustiques par une capacité d’absorption des bruits de moteur. Le site de Buc, fortement encaissé, en agglomération et au trafic assez important, est pertinent pour expérimenter un nouveau type de bitume conçu pour réduire la nuisance sonore des moteurs.
Présentation du projet
La réfection de la route a nécessité la collaboration technique de la Direction des Routes et des Transports du Conseil général des Yvelines, du Centre d’Études Technique de l’Équipement d’Île-de-France et de la société Eurovia, titulaire du marché de travaux. Ensemble, les différents partenaires ont collaboré afin de réaliser une couche de roulement en béton bitumineux drainant constitué de granulats de faibles dimensions. L’objectif de cet enrobé n’est donc pas seulement d’atténuer les bruit de roulement mais aussi d’absorber une partie des bruits de moteurs.
Pour atteindre cet objectif, une attention particulière a été apportée à la formulation de la couche de bitume. Plus précisément, une mousse spéciale à caractère phonique a été incorporée à hauteur de 0,40 % du bitume, assurant le remplissage des enrobés et permettant ainsi de satisfaire le double objectif de réduction des bruits de roulement et des bruits de moteur. C’est cette mousse, par sa composition et son action absorbante, qui assure la réduction des nuisances sonores. Il a fallu néanmoins tenir compte de l’épaisseur demandée (3,5 cm), des contraintes mécaniques apportées par les rampes existantes (pente de 6 %) et des impératifs techniques liés à la viabilité hivernale (limiter les vides résiduels retenant les eaux de ruissellement lors des périodes de gel). Une expérimentation poussée doit être réalisée pour chiffrer l’avantage concret procuré par ce nouveau revêtement.
Un projet innovant
Il s’agit d’une première en France.
L’étroite collaboration entre le Département des Yvelines, le Réseau Scientifique et Technique de l’État et la profession routière a permis de tester en grandeur nature ce produit innovant et le suivi régulier pourrait être utilisé en cas de renouvellement.
Témoignage
Jérôme CHIASSON, Sous-directeur Adjoint de la gestion et de l’entretien des routes à la Direction des Routes et Transports, Conseil général des Yvelines.
« La bonne collaboration avec le laboratoire d’Eurovia a permis d’adapter la formule de l’enrobé aux contraintes d’exploitation et aux contextes locaux (Traitement hivernal, profil en long, trafic poids lourds). La mise en œuvre de ces enrobés est pratiquement équivalente aux bétons bitumineux classiques. Les interventions manuelles restent difficiles compte tenu de la dureté du bitume employé. Concernant le comportement de cette couche de roulement en période hivernale, il est également équivalent aux enrobés classiques tant en terme de résistance qu’en terme de traitement. Ce choix de couche de roulement n’a pas impacté le chantier et le résultat est conforme aux attentes tant pour les riverains que pour la maîtrise d’ouvrage. »
Conditions de reproductibilité
Cette technique, si elle est validée par les contrôles plus élaborés, pourrait être utilisée dans le cadre des renouvellements des couches de roulement en agglomérations sensibles.
Bilan environnemental
– amélioration pouvant aller jusqu’à 50 % des capacités d’absorption d’un BBTM (Béton Bitumineux Très Mince)
– Absorbation de 50% du bruit du moteur ;
Afin de valider cette démarche, compte tenu des difficultés à dissocier in situ les bruits provenant du roulement de celui des moteurs, des mesures fines devront être réalisées en laboratoire.
