Contexte
En France, plus de 40% des consommations énergétiques et 25% des émissions de CO2 sont dues au secteur du bâtiment. Les bâtiments construits avant 1975, dont le nombre est évalué à 32 millions présentent une consommation moyenne de 240 kWh/m²/an et constituent donc un potentiel d’économies d’énergie majeur.
Conscient de cet enjeu et constatant que de vieux bâtiments ruraux restent inhabités dans le Vexin alors même qu’existe une forte demande pour de petits logements à faibles loyers, le Parc Naturel Régional du Vexin français a lancé en 2008 un appel à projets à l’intention des communes, bailleurs sociaux et particuliers, dont l’objectif était de créer entre 20 et 30 logements locatifs de haute qualité énergétique dans des bâtiments anciens de caractère.
Cet appel à projet a suscité l’intérêt de la commune de Follainville Dennemont. D’une part, la commune, soumise à la loi SRU, doit développer de nouveaux logements sociaux ; d’autre part, elle est confrontée au départ des jeunes générations, parfois désireuses de revenir dans le village, mais qui n’en ont plus les moyens, faute d’une offre de logements adaptée. L’appel à projets du PNR constituait donc une opportunité de répondre à ces deux enjeux.
La commune s’est rapprochée de l’Office Publique Mantes en Yvelines Habitat pour constituer un dossier de candidature portant sur la reconversion d’un ancien corps de ferme situé dans le village de Follainville, la « grange Breton », en logements locatifs. Mantes en Yvelines Habitat, propriétaire des bâtiments depuis décembre 2007, a été d’autant plus réceptive à la démarche qu’elle s’inscrit dans sa politique de réduction des charges locatives.
Le dossier a été retenu par le PNR du Vexin en en juillet 2008. Après une phase de consultations et d’études, les travaux ont été engagés en novembre 2010. La livraison est prévue pour mars 2012 et l’accueil des premiers occupants en avril 2012.
Présentation du projet
Le programme
Situé sur une parcelle de 916 m2, l’ensemble initial était composé d’une grange datant de la deuxième moitié du XIXème siècle ayant subi peu de transformation, d’une maison et de deux petits bâtiments annexes dans son prolongement.
Le projet de reconversion de ces bâtiments prévoit une surface habitable totale de 367 m² répartie ainsi :
- 3 logements dans la grange, en préservant son caractère rural typique de l’architecture rurale du Vexin et en gardant strictement son implantation et son volume ;
- 3 logements dans la maison et ses annexes, sous forme de logements individuels, en gardant les implantations par rapport aux riverains et en modifiant les volumes ;
Un groupe d’experts, constitué par le PNR de Chevreuse, accompagne Mantes en Yvelines Habitat dans les différentes étapes du projet, pour en garantir la qualité architecturale et environnementale.
Une attention particulière a été portée sur les points suivants :
Intégration architecturale du bâti ancien :
Du fait du caractère patrimonial du bâtiment et de la présence à proximité de 2 monuments inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (dont l’église de Follainville), la reconversion de la grange en 6 logements locatifs s’est faite en accordant une attention prioritaire à l’intégration architecturale du projet. Une réflexion approfondie s’est engagée avec l’architecte des Bâtiments de France pour respecter le bâtiment rural d’origine :
- travail sur des joints très creusés, tels que présents à l’origine ;
- enduit traditionnel à la chaux des murs anciens ;
- bardage bois pour les murs neufs ;
- optimisation de l’emplacement des panneaux solaires, non visibles depuis la rue ;
- isolation thermique intérieure privilégiée pour conserver l’apparence extérieure.
Emploi d’éco-matériaux
- Usage du bois de construction pour l’ensemble des superstructures et du bardage ; le bardage choisi est du mélèze purgé d’obier, choisi pour sa longévité et l’absence d’entretien.
- Menuiserie bois ;
- Isolation par ouate de cellulose.
Performances énergétique et énergies renouvelables
Architecture bioclimatique avec optimisation de l’éclairage naturel
L’objectif est de :
- minimiser les ouvertures au Nord et de maximiser les apports solaires via des ouvertures au Sud et à l’Ouest ;
- d’atteindre un ratio moyen d’environ 20 % de la surface habitable de chaque logement en ouvertures ;
- pour faciliter l’intégration de ce projet de logements sociaux dans le village, il a été décidé de ne pas faire d’ouverture au dernier niveau de la grange sur les pignons Est et Ouest.
Isolation
- isolation des murs en ossature bois : ouate de cellulose insufflée (épaisseur de 120 mm) ;
- isolation des dalles en rez de chaussée : isolant haute densité type polystyrène extrudé (épaisseur de 10 cm) ;
- isolation des rampants de toitures : laine de verre (épaisseur de 200 mm) + BA13 ;
- isolation thermique par l’extérieur (ITE) pour la maison d’habitation en pierre : polystyrène (épaisseur de 100 mm), enduit à la chaux ;
- Fenêtres doubles vitrage avec menuiseries bois.
Énergies renouvelables
- 15 m² de panneaux solaires thermiques assureront 60% de la production d’eau chaude sanitaire (complément assuré par une chaudière à gaz collective).
Suivi des consommations énergétiques
Le suivi des consommations énergétiques sera assuré pendant deux ans par Effinéo, qui équipera à cette fin les bâtiments d’instruments de mesure. Ce suivi doit permettre la validation des hypothèses de performances énergétique, par la comparaison des modèles théoriques aux consommations réelles des logements. Il permettra de produire un bilan de l’opération d’ici 2 ans. Seront suivies les conditions de confort, les consommations d’eau chaude sanitaire et d’eau froide, et celles liées au chauffage.
Un projet innovant
Les projets de rénovation du bâti ancien sont encore rares, les entrepreneurs étant davantage habitués à construire des logements neufs. Au cours des 10 dernières années, Françoise Quintin, directrice de Mantes en Yvelines Habitat, estime qu’entre 20 et 25 opérations auraient été effectuées dans les Yvelines
L’objectif de ce projet était donc aussi de démontrer par l’exemple que ce type de projet existe, qu’il n’est pas trop coûteux et qu’il permet de répondre efficacement aux problèmes de logements rencontrés par certaines communes.
Témoignage
Françoise QUINTIN, directrice de l’OPH Mantes en Yvelines Habitat
Le projet a-t-il été bien accueilli par les habitants ?
« Certaines craintes peuvent s’exprimer dans la réalisation de ce type de projet, qui touche du bâti ancien ayant une valeur patrimoniale et sentimentale pour les habitants. Avec la mairie de Follainville, nous avons donc attaché une importance particulière à l’information et à la sensibilisation des habitants, pour leur assurer notamment que le caractère rural du bâtiment bâti serait bien respecté. Des réunions ont été organisées, le permis de construire a été proposé en consultation à la mairie et des visites sont organisées pendant le chantier. »
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
« De manière plus générale, la difficulté de ce chantier vient du fait qu’il couvre plusieurs systèmes constructifs : l’isolation bois par l’intérieur pour la grange et les deux logements ; l’isolation thermique par l’extérieur pour l’ancienne maison. Il s’agit donc d’un chantier « dentelle » où chacun des six logements est unique et où chaque bâtiment a son mode constructif. Cela peut compliquer le recrutement des prestataires. Il a également fallu composer avec les demandes parfois divergentes de tous les acteurs et de toutes les réglementations : volonté forte du maître d’ouvrage de construire un patrimoine durable, nécessitant peu d’entretien et répondant aux critères des financeurs, volonté de la municipalité, des riverains et de l’ABF de garder l’aspect du lieu en minimisant l’impact sur l’environnement, enjeux de sécurité, d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et exigences environnementales rigoureuses pour l’obtention des certifications. »
Quels sont selon vous les prérequis pour engager ce type de démarche ?
« Ce type de projet convient particulièrement aux collectivités disposant d’un patrimoine ancien dégradé, qu’elles souhaitent ou doivent conserver, et qui représente un potentiel de surface de logements inexploité. En permettant d’utiliser les « dents creuses » en centre ville ou en centre village, elle offre également une solution intéressantes aux collectivités disposant d’un foncier disponible limité ou devant intégrer des enjeux de lutte contre l’étalement urbain.
Par ailleurs, La démarche doit être adaptée aux caractéristiques du bâti et aux problématiques de la commune : en cela, un portage politique fort est nécessaire. Ce fut le cas à Follainville où le maire de la commune, M. Boureille, s’investit totalement dans le projet depuis ses origines. Du fait des nombreuses dimensions à prendre en compte (intégration architecturale, qualité environnementale, intégration sociale), elle nécessite un fonctionnement en « mode projet » associant tous les acteurs de la chaîne, et une parfaite coordination entre eux. »
Diaporama
Informations clés
Bilan environnemental
- consommation énergétique prévisionnelle : 100 Kwh/m²/an
- éco-matériaux favorisés : bardage bois, isolation par ouate de cellulose ;
- 20 m² de panneaux solaires thermiques assurant 60% de la production d’eau chaude sanitaire ;
- un étalement urbain évité et des logements rénovés en centre village.
Bilan économique
Investissement :
- Coût des travaux : 730 000 € HT
- Coût moyen des travaux : 2 004 € HT / m².
Subventions :
- 410 500 €, soit 56 % du coût total
Fonctionnement :
- 20% d’économies sur les charges locatives (2 pièces : 107 €/mois, 3 pièces : 152 € / mois, 4 pièces : 469 €/mois).
- Coût du suivi de la performance énergétique (2 ans) : 12 000 €
Certifications / Distinctions
- Projet CANDIDAT à la certification « CERQUAL » Patrimoine, Habitat et Environnement
- L’appel à projets du PNR du Vexin dans lequel s’inscrit le projet a été lauréat du Grand Prix des Villes et Territoires d’Île de France 2010.
- Le projet est en cours de labellisation BBC
