Contexte
Les Yvelines constituent le premier département de l’automobile en France, avec plus de 45 000 emplois répartis dans plus de 150 entreprises. Le Conseil général des Yvelines s’est engagé à soutenir la filière à travers son vaste projet de Vallée de l’Automobile et de la Mobilité Durable. Un plan de soutien a été voté en 2009 qui prévoit des aides spécifiques pour l’innovation de près de 50 millions d’euros. « En soutenant la mutation de l’automobile vers la mobilité du futur et en misant sur les véhicules décarbonés, nous préparons les emplois de demain », a expliqué le Président du Conseil général des Yvelines, Alain Schmitz.
En 2009, un premier appel à projets a été lancé sur « le véhicule urbain du futur » avec une dotation de 3 millions d’euros. Les projets de R&D financés par le Département doivent être réalisés dans les Yvelines. Les sociétés lauréates, Akka Technologies, Induct et Muses, ont été sélectionnées pour la crédibilité de leurs projets, les innovations techniques et d’usage proposées ainsi que la sécurité et l’éco-conception du véhicule. Les premiers démonstrateurs roulants ont été présentés lors du salon automobile de Genève en mars 2011.
MUSES SAS est née à l’initiative de 5 entrepreneurs qui se sont rapprochés dans le cadre du RAVY, le Réseau Automobile Val d’Oise Yvelines. Cette entreprise au capital de 1 000 € a été créée en 2009 pour répondre à l’Appel à Projets véhicule urbain. Derrière ces 5 entrepreneurs se trouvent 5 entreprises aux compétences complémentaires :
- INDUST DESIGN : conception et prototypage de produits pour les véhicules spéciaux (petite et moyenne série) ;
- SABMC : société louant des bureaux mobiles communicants (78) ;
- ACB Engineering : acousticien ;
- PECAN Technologies : liaisons au sol ;
- YAKA Solutions : gestion de projets complexes (78).
L’ensemble de ces entreprises représente 17 personnes.
Depuis Muses a progressivement acquis son autonomie et indépendance et est devenue une entreprise de 15 salariés fédérant autour d’elle un tissu de partenaires, de sous-traitants tant des Yvelines que du monde entier.
Présentation de la démarche
Le projet Mooville concerne la conception et le développement d’une plate-forme urbaine multi-services servant de base à différents véhicules, plus particulièrement à usage urbain. Ces véhicules sont de catégorie N1, (Camionnette et Véhicule Utilitaire Léger) susceptibles d’être utilisés sur toutes routes, en toutes circonstances. Trois usages urbains sont visés par ce projet de plateforme :
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La livraison
Adaptés aux modèles de livraison, y compris ceux à 2 voire 3 rotations quotidiennes via le changement de batterie par le côté, les véhicules Mooville répondent aux besoins de volumes (de 2 à 14m³), de charges (de 450 à 1.200 kg) et de nature de produits (vrac, colis, frais, surgelés, palettes) de la livraison urbaine.
Ils sont également ouverts aux nouvelles organisations : véhicule conduit par un chauffeur piéton pour accéder à des zones inaccessibles par un véhicule ; capacité d’emport de consigne, de caissons sans outillage de manutention.
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Le transport de personnes
En configuration transport de personnes, le véhicule peut embarquer 3 personnes face à la route, dont le conducteur en position centrale, et jusqu’à 3 personnes dos à la route ou une personne en fauteuil roulant (PMR) avec son accompagnateur. La surface au sol du véhicule est comparable à celle d’une Smart 2 places.
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L’auto-partage
Dans une application de type auto-partage pour des particuliers, la difficulté pour l’opérateur du service est de toujours avoir à la disposition des clients des véhicules dans les stations, voire les types de véhicules. Or pour les clients rendre un véhicule ne doit pas être une contrainte, ils le font là où ils le jugent utile. De ce fait, des déséquilibres entre les stations se créent. Il est donc alors nécessaire pour l’opérateur du service de déplacer lui-même les véhicules pour les positionner là où le besoin est. Pour Muses la réponse est la constitution de convois de véhicules faible vitesse permettant avec un chauffeur d’amener les véhicules là où cela s’avère nécessaire. C’est l’objet du projet MI (Muses Induct) : permettre d’automatiser l’accostage et l’accrochage d’un véhicule suiveur et du véhicule de tête, ou leur décrochage et ce pour réduire le coût du rééquilibrage des stations d’auto-partage, et optimiser des coûts d’exploitation du transport collectif en zone peu dense par des services de transport modulable.
Avantages environnementaux
Les véhicules Mooville ne dégagent aucune émission de gaz à effet de serre ni de particules et ne nécessitent pas l’utilisation de produits polluants tels que l’huile de vidange ou le liquide de refroidissement. Une caractéristique qui allège considérablement les entretiens habituels d’une voiture tels que la vidange ou le test mensuel d’émission de gaz polluants. La pollution sonore du véhicule électrique est faible et se résume au bruit du roulement des pneumatiques.
De plus, le type de moteur utilisé procure une qualité de roulement qualifiée de douce puisqu’il n’utilise pas de transmission, ce qui permet une accélération continuelle et progressive au véhicule. Le véhicule électrique est très adapté aux conditions urbaines dans la mesure où il ne consomme pas d’énergie aussi bien en phase de freinage qu’à l’arrêt dans les embouteillages.
Mise en œuvre opérationnelle
Commercialisée depuis fin 2011, la première livraison est prévue pour juin 2012. Comme Muses s’adresse aux entreprises et aux collectivités, son activité commerciale se fait en direct (embauche d’un commercial en janvier 2012). Les prix s’échelonnent de 23 000 € à 38 500 € en fonction de la configuration modulaire du véhicule. Fin 2012, Muses aura mis en place et monté en charge ses capacités de production de façon à pouvoir livrer 25 véhicules par mois en 2013.
Au-delà de cette approche produit, Muses essaie de mettre en place des groupements d’entreprise pour développer un segment de clientèle spécifique (le froid par exemple) ; un véhicule spécifique (le 14 m3) ; une technologie particulière.
Un projet innovant
Le projet se propose d’apporter une contribution originale en termes d’utilisation d’un moyen de transport multi-usage, inédite dans le monde de l’automobile. La solution proposée semble très performante :
- pour les livraisons en centre ville – dont les zones piétonnes, normalement inaccessibles aux véhicules – et jusqu’au point de livraison grâce à la compacité du véhicule et sa propulsion électrique.
- pour le transport de personnes (jusqu’à 6), y compris à mobilité réduite.
- la constitution de « train » de véhicules pour faciliter la redistribution des véhicules en auto-partage.
De plus, des solutions techniques destinées à optimiser la gestion de l’énergie seront mises en œuvre :
– moteurs-roue électriques amenant un rendement énergétique excellent, le choix de batteries lié à l’usage et ayant leur propre cycle et circuit de recyclage, la récupération d’énergie au freinage
Témoignage
Patrick Souhait, Directeur Général de Muses, interview réalisée par Channel Paris-Région – Décembre 2011
« Courant 2008, il existait dans le Val d’Oise/Yvelines un réseau qui fédérait les petites et moyennes entreprises du secteur automobile. Fin 2008, la crise automobile arrive, ces petites entreprises n’avaient plus d’activités, […] est donc venue la question de leur survie. L’idée de lancer un nouveau prototype de véhicule électrique nous est venue, mais sa réalisation dépendait d’un certain nombre de séquences : premièrement déterminer et comprendre ce qu’attendaient les collectivités d’une voiture électrique et deuxièmement trouver les financements […] Le financement d’un tel projet industriel était extrêmement compliqué. […] Le Conseil général des Yvelines avait lancé un Appel à projets sur le véhicule urbain et nous avons réussi par l’adjonction de toutes nos compétences et tout notre savoir-faire à en être le lauréat en Avril 2010. Cela nous a donné droit à l’attribution d’une subvention significative et de mettre ainsi vraiment le pied à l’étrier sur le développement expérimental de notre véhicule. »
Informations clés
Bilan environnemental
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre
- Pollution sonore réduite
Bilan économique
Cout total du projet :
3,5 million d’euros
Subventions :
780 000 euros soit 21 % du coût total