Contexte
Le secteur du bâtiment représente plus de 40% des consommations énergétiques nationales et près de 25% des émissions de CO2. Il s’agit donc d’un levier important dans la lutte contre le changement climatique. Conscient de ces enjeux, et souhaitant relever un défi technique, Antoine DÉSIR s’est engagé dans un projet dépassant largement la réglementation en vigueur en achetant une maison construite dans les années 80 à Magny-les-Hameaux, pour la rénover et atteindre le niveau de certification « maison passive ». En décembre 2009, quelques mois après avoir acheté la maison, Antoine DÉSIR a engagé le cabinet d’architecte Karawitz, spécialisé dans la maison passive, également maître d’œuvre de la maison passive Vanbesien, située à Jouars Pontchartrain. Les travaux ont été engagés en septembre 2010 et la réception est prévue pour fin 2011. D’ici là, M. DÉSIR alimente régulièrement un blog sur le projet, dont il présente toutes les étapes.
Présentation de la démarche
- Performances énergétiques et énergies renouvelables
- Architecture bioclimatique
Le concept de maison passive
Née en Allemagne, la certification « maison passive » est particulièrement exigeante en matière d’efficacité énergétique. Elle impose :
- des besoins de chauffage inférieurs à 15 kWh/m²/an
- une étanchéité à l’air inférieure à 0,6 vol/h sous 50 pascals
- une consommation totale en énergie primaire inférieure à 120 kWh/m²/an
Le principe d’une maison passive est double : minimiser au maximum les pertes de chaleur (isolation, traitement des ponts thermiques, etc.) et maximiser les gains (apports solaires, etc).
Construction du projet
La maison Désir atteint des niveaux de performances énergétiques qui permet de se passer entièrement de chauffage et de climatisation tant que la température extérieure oscille entre -10°C et 40°C et de chauffer très peu en cas de grand froid. Pour atteindre ce résultat, une attention particulière a été portée sur cinq postes :
Isolation thermique
- Isolation des murs : isolation intérieure existante en polystyrène expansé (8 cm) et parpaing béton (20 cm), isolation extérieure en polystyrène expansé graphité enduit (30 cm) ;
- Isolation du toit : isolation par ouate de cellulose (36 cm) et fibre de bois (6 cm), sur le modèle des toitures des maisons en bois.
- Isolation des planchers : isolation par une mousse en polyuréthane projeté (20 cm). Afin de réduire les ponts thermiques, ce même isolant a été projeté au droit des murs du sous-sol.
- Remplacement des fenêtres existantes par du triple-vitrage équipé de menuiserie en bois et aluminium, à isolant intégré. Afin d’assurer la meilleure isolation possible au nord et optimiser l’apport solaire au sud, les vitrages posés présentent des caractéristiques différentes selon la façade.
Ventilation
Un système de ventilation mécanique (VMC) à double flux a été mis en place qui constitue l’équipement de base de tout projet de maison passive. Elle assure un bon renouvellement de l’air et permet, via un échangeur de chaleur situé au sous sol, de récupérer les calories de l’air vicié sortant pour réchauffer l’air entrant.
Étanchéité à l’air
Un enduit extérieur a été utilisé pour assurer l’étanchéité à l’air, qui constitue un enjeu majeur pour une maison passive afin d’éviter les pertes thermiques et de garantir le bon fonctionnement de la ventilation mécanique.
Recours aux énergies renouvelables
- 3 m² de capteurs solaires thermiques à tubes ont été installés en toiture pour assurer la production d’eau chaude sanitaire d’un ballon de 390 L ;
- un contrat a été passé avec Enercoop pour l’approvisionnement électrique de la maison, qui engage le fournisseur à injecter sur le réseau national autant d’électricité d’origine renouvelable que la maison en consomme.
Un projet innovant
Cet ouvrage est non seulement la première rénovation certifiée passive en France, mais elle se veut aussi un démonstrateur, prouvant que l’on peut faire de la très haute performance énergétique en partant de l’existant.
Témoignage
Antoine Désir, maître d’ouvrage et propriétaire de la maison
Quel bilan tirez-vous du projet dans son ensemble ?
« Nous sommes très satisfaits du résultat. Notre principal objectif était d’économiser de l’énergie et nous nous retrouvons avec une maison qui non seulement dépasse nos attentes mais est également extrêmement confortable. La température est homogène dans toutes les pièces de la maison. Et cet été celle-ci n’a pas dépassé les 25 °C. »
Le bilan environnemental est-il conforme à vos objectifs ?
« Tout à fait. Un seul regret : les matériaux que nous avons employés ne sont pas toujours écologiques. C’est particulièrement le cas de la mousse de polyuréthane que nous avons projeté sous le plancher bas dans le garage et la cave. Mais nous avons fait ce choix car si nous avions utilisé un matériau écologique il aurait fallu le double de l’épaisseur et le sous-sol n’aurait plus été praticable, transformant mon garage et ma cave en vide sanitaire. »
Quels ont été les difficultés rencontrées ?
« Trois grandes difficultés ont du être surmontées. La première d’ordre administratif car il fallait déroger au Plan Local d’Urbanisme. La deuxième difficulté que nous avons rencontrée est d’ordre financier. J’ai longtemps cherché une banque qui comprenne le principe de la maison passive, notamment en adaptant le crédit accordé en fonction des factures d’énergie que nous n’aurons plus à payer. La troisième fut d’ordre technique, avec la grande incertitude sur l’étanchéité à l’air dans la rénovation. Il a fallu sortir des habitudes du bâtiment pour arriver au résultat. »
Quelles sont selon vous les conditions de reproductibilité pour un tel projet ?
« Le choix de la maison à rénover est primordial pour pouvoir atteindre les performances d’un bâtiment passif. L’idéal est que la maison soit orientée Sud mais une orientation Sud-Est ou Sud-Ouest est tout à fait envisageable. De plus, il faut prévoir une largeur suffisante pour l’isolation par l’extérieur. Dans notre cas, la largeur admise par la ville entre la maison et le terrain voisin était de 2,50 m, or les pignons de l’ancienne maison se trouvaient déjà à cette distance. Il a donc fallu demander une dérogation pour pouvoir réduire cette distance, puis faire modifier la règle pour que d’autres puissent reproduire ce type de travaux d’isolation. »
Diaporama
Informations clés
Bilan environnemental
- 1ère maison rénovée passive en France
- consommation de chauffage inférieure à 15 kWh/m²/an
- consommation d’énergie finale inférieure à 50 kWh/m²/an
Certification / Distinctions
- certification « Maison passive » en cours
- certification BBC rénovation en cours
Bilan économique
Investissement : 250 000 euros (couvre toutes les sommes engagées pour la rénovation passive, études et taxes incluses)