Contexte
Créée en 1987, la société VERTDÉCO est spécialisée dans l’aménagement paysager éco-responsable de bureaux, de jardins et d’espaces extérieurs. Elle est notamment membre de l’association « Le vivant dans la ville » qui réunit des entreprises de la région Versailles – Saint Quentin-en-Yvelines œuvrant dans les domaines de l’eau, des sols, de la biodiversité et dans la réinsertion, association créée en 2010 et soutenue par le Conseil général, la CCIV et l’État.
Les anciens locaux de la société, qui étaient auparavant installés à Saint Lambert des Bois, n’étaient plus adaptés aux besoins de l’entreprise, qui a décidé en 2007 de construire un nouveau siège.
Vertdéco a acquis en 2007 un terrain de 44 200 m² à Magny-les-Hameaux, en lisière de forêt. Le site concerné étant en partie inscrit et en partie classé au titre de la Commission des sites, une réflexion approfondie s’est engagée avec l’ABF et le PNR de Chevreuse afin d’optimiser l’implantation du projet et de respecter la sensibilité écologique (faune, flore) locale.
Au delà de l’intégration paysagère du site, Vertdéco a souhaité faire de ses nouveaux locaux une vitrine technologique du savoir faire de la société auprès de ses clients en région parisienne et de ses fournisseurs en Europe. Cet engagement répond également à un objectif économique de réduction des coûts de fonctionnement, qui étaient très élevés dans les anciens locaux, du fait notamment de la dispersion et du mauvais agencement des bâtiments.
Construction et aménagements ont en conséquence été intégrés dans une démarche environnementale particulièrement aboutie : chauffage bois, phyto-épuration, toiture végétalisée, corridor écologique, etc.
Présentation de la démarche
Architecture d’ensemble
Le projet s’articule autour de ces différents espaces :
- 250 m² de bureaux,
- 1 100 m² de serres bioclimatiques attenantes,
- un aménagement paysager comprenant une zone de stationnement de 400 m²
- une piscine écologique de 30 m²
- un hangar abritant la chaufferie bois et le stockage des plaquettes de 150 m²
- une zone de compostage des déchets verts de 2000 m²
Performance énergétique et énergies renouvelables
Chaufferie bois
Une chaufferie automatique à plaquettes bois, de marque Koeb, d’une puissance d’environ 300KW, assure la totalité du chauffage de la serre et des bureaux, via deux réseaux de chaleur enterrés. La consommation annuelle de cet équipement est estimée à 450 000 KWh. Un contrat a été signé avec ONF Énergie pour l’approvisionnement en plaquettes d’origine locale (Verrières le Buisson, 91) qui sont livrées en une fois. Le hangar de stockage, d’une capacité de 3000 m³, abrité, permet de sécher les plaquettes, avec pour objectif un taux d’humidité de 25% lors de la combustion. Le coût d’approvisionnement auprès d’ONF Énergie est de 10 K€.
Panneaux solaires photovoltaïques
280 m² de panneaux photovoltaïques sont installés sur la toiture de la serre, dont ils occupent 40% de la surface. Ils assurent une production entre 28 000 kWh et 30 000 kWh par an, entièrement revendue à ERDF au prix de 60 cts €/kWh (durée d’engagement de 20 ans). Le différentiel par rapport au service d’achat (11 cts €/kWh) génère un revenu net sur le poste électricité de 2 800 €/an.
Gestion économe de l’eau
Récupération des eaux pluviales : un système de gouttières permet de récupérer 1 500 m³ d’eaux pluviales depuis le toit de la serre, qui sont dirigées vers une cuve de 500 m³. Cette eau est utilisée pour l’arrosage des plantes, le nettoyage et les usages sanitaires (chasses d’eau).
Phyto-épuration : le terrain en bordure est trop isolé pour être raccordé à un réseau d’assainissement collectif. Plutôt que de recourir à une solution d’assainissement non collectif, la société a souhaité mettre en place un système de phyto-épuration. Les eaux usées sont dirigées vers une fosse sceptique classique dont le trop-plein est évacué vers une mare écologique.
Cette mare est constituée d’un plateau végétal filtrant (phragmites, roseaux à massettes, iris des marias, scirpes), qui assure leur épuration naturelle. Les eaux épurées sont ensuite pompées et recyclées pour l’arrosage des productions horticoles. L’économie d’eau réalisée est estimée à 2000 €/an. Les 1 500 m³ mentionnés précédemment concernent les deux systèmes.
Toitures végétalisées : au-delà de leur intérêt pour l’intégration paysagère de la serre, les 200 m² de toiture végétalisée permettent une infiltration des eaux pluviales. Les toitures végétalisées sont composées de sédums (sorte de petit buis) enracinés.
Intégration écologique et paysagère du projet
Corridor écologique et protection de la biodiversité : le projet ne prévoit aucune clôture d’enceinte, afin de ne pas gêner la circulation des espèces, et une haie a été spécifiquement plantée pour favoriser la nidification. Une dizaine de nichoirs ont par ailleurs été installés sur le site. Toutes les espèces plantées sont endémiques : mélèze, bouleau, haie végétale, chêne, hêtre.
Piscine écologique : un bassin écologique a également été aménagé sur le site qui optimise l’intégration paysagère de cet équipement et permet d’éviter l’usage de produits chimiques.
Un projet innovant
Avec ce projet, la société Vertdéco a implanté la première serre bioclimatique des Yvelines. Le système de phyto-épuration mis en œuvre est notamment encore très peu développé.
Le côté innovant de la démarche tient également dans le degré d’aboutissement de la démarche, qui intègre de très nombreux aménagements et équipements en faveur de l’environnement. S’il existe certainement d’autres serres bioclimatiques en France, elles n’ont sans doute pas été aussi loin dans l’éco-exemplarité de la démarche.
Témoignage
Olivier BEDOUELLE, Directeur de la société Vertdéco
Le projet finalisé est-il conforme aux objectifs ?
« La construction est récente et le recul d’un an et demi est encore un peu trop faible pour répondre de manière tranchée à cette question. Cependant, le bilan carbone réalisé pour l’exercice 2010 (deux salariés ont été formés par l’ADEME à cette fin) nous permet d’être optimiste : le bilan est très positif. Des indicateurs ont été mis en place pour suivre les résultats dans la durée du projet. En tous cas, l’impact sur les factures énergétiques est déjà clairement perceptible : nous avons ainsi réalisé une économie globale de 100 000 € sur l’année 2010, comparativement à ce qui était facturé dans nos anciens locaux, alors que l’activité a progressé. »
Et le budget prévisionnel a-t-il été respecté ?
« Certaines dépenses ont été sous évaluées dans le budget prévisionnel, comme la toiture végétalisée (75 000 euros) ou la phyto-épuration. Cela a en partie été compensé par des coûts finalement moins élevés sur d’autres postes (le chauffage bois, les économies d’eau qui sont plus importantes que prévues). Malgré cela, nous avons eu un différentiel d’environ 100 K€ entre le budget prévisionnel et le budget réalisé. Cela est notamment dû au caractère relativement innovant des procédés mis en œuvre, dont le chiffrage peut être en conséquence délicat à appréhender car ils sont encore peu répandus. D’où la nécessité de se renseigner autant que possible en amont du projet pour bien caler les solutions aux besoins. »
Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
« L’emplacement du site en zone protégée a été un point de vigilance particulier à prendre en compte. Une parfaite collaboration avec le PNR de la Haute Vallée de Chevreuse et l’ABF a permis d’analyser dès le départ tous les impératifs à intégrer dans la démarche. Cet échange a permis d’enrichir le projet et de l’adapter, pour permettre d’optimiser son intégration dans le cadre naturel, et d’emporter l’adhésion de toutes les parties prenantes. »
Quelles sont selon vous les prérequis d’une telle démarche ?
« La sensibilisation des occupants doit également être appréhendée pour que l’usage soit en accord avec le caractère éco exemplaire du projet et permettent d’en maximiser le potentiel. C’est pourquoi Vertdéco forme son personnel aux pratiques de développement durable : tri sélectif, rationalisation maximale des traitements phytosanitaires, suppression des pesticides, etc. Cette sensibilisation va d’ailleurs plus loin que les salariés, puisque la serre propose des visites pédagogiques de scolaires en partenariat avec la Maison de l’Environnement de la CASQY. »
Informations clés
Bilan environnemental
Une chaufferie bois de 300 kW comme unique source de chaleur des locaux
Une toiture végétalisée de 200 m²
Une récupération des eaux de pluie : 1500 m³/an
280 m² de panneaux photovoltaïques produisant 28 000 kWh/an
Bilan économique
Investissements :
- Investissement total : 1 239 000 € HT
- dont travaux : 1 139 000 € HT
- dont Études et Honoraires : 20 000 € HT (majorité des études réalisées en interne)
- Serre bioclimatique (fourniture et mise en œuvre) : 260 000 € HT
- Chaufferie bois : 170 000 € HT
- Panneaux photovoltaïques (fourniture et pose) : 180 000 € HT
- Toiture végétalisée (fourniture et pose) : 70 000 € HT
- Collecteurs d’eaux pluviales (fourniture et installation) : 40 000 € HT
- Phyto-épuration : 3 500 € HT
- Nichoirs et fourniture/installation de la haie champêtre : 3 000 € HT
Subventions : 171 000 €, soit 13 % du coût total
Fonctionnement :
- Économie de fonctionnement par rapport aux anciens locaux : 100 000 €/an ;
- Économie sur les factures d’eau (phyto-épuration) : 900 €/an ;
- Économie sur les factures de chauffage en comparaison d’un projet standard : 9 800 €/an ;
- Revente de la production électrique à ERDF (60 cts/kWh) : 16 800 €/an ;
- Revenu net lié à la revente d’électricité à ERDF (recette de vente – facture d’achat) : 2 800 €/an.
Certifications / Distinctions
Le projet a la mention spéciale du jury des Éco Trophées 2011 du PNR de la Haute Vallée de Chevreuse
Certification AFAQ 26000 maturité obtenue en 2010.