Contexte
Les systèmes d’information représentent à eux seuls 13,5% de la consommation électrique française. Pour ce qui concerne les micro-ordinateurs, on considère qu’ils participent à hauteur de 60% de la facture énergétique totale de ce secteur.
Conscient de cet enjeu, le Conseil général a validé la démarche consistant à réduire de 60 à 70% la consommation énergétique des ordinateurs du Département. Cette économie est rendue possible par l’utilisation d’un logiciel qui permet :
– d’activer une veille réelle de l’écran durant les périodes d’inactivité ;
– d’endormir les disques pendant ces mêmes laps de temps ;
– de délivrer la puissance de processeur exactement nécessaire aux applications qu’utilisent les agents.
La volonté de la Collectivité est d’alléger ses dépenses énergétiques (une économie annuelle d’environ 330 000 kWh est attendue, représentant environ 24 600 kg de CO2, soit l’équivalent de 7 aller-retours Paris-New-York), de réduire son impact carbone en lien avec le Plan Climat.
Présentation du projet
Le projet consiste à équiper les postes de travail des agents de la collectivité d’un programme :
– qui observe l’usage fait du micro-ordinateur (type de logiciel utilisé et ressource de processeur nécessaire, mouvement des disques durs, moments de répit…),
– qui délivre la « juste » puissance électrique et de calcul nécessaire au « juste » moment.
L’intelligence du logiciel réside dans sa capacité à gérer les ressources du poste de travail en se calant au plus près des besoins de l’utilisateur dont on conçoit qu’ils sont très changeants :
– selon son métier,
– selon l’heure de la journée (absence de l’agent au moment du déjeuner…),
– selon l’agenda de l’agent (réunions de travail…),
– selon le logiciel utilisé (un logiciel de conception de plan de bâtiment demandera beaucoup plus de puissance de calcul qu’un logiciel de traitement de texte, un fichier volumineux sollicitera davantage le disque dur de l’ordinateur et le processeur…).
Il s’agit notamment de corriger le « défaut naturel » de nos ordinateurs qui sont conçus par leurs constructeurs comme devant délivrer à tout instant le maximum de leur puissance de calcul. Les systèmes de mise en veille existants ne sont en fait pas assez efficaces et ne permettent pas d’atteindre une réelle performance énergétique (malgré l’existence de différents écolabels tels « Energy Star » ou « Blue Angel » par exemple).
Chaque agent pourra suivre les économies réalisées sur son poste en cliquant sur une icône au bas de l’écran qui fera apparaître :
– la consommation d’électricité évitée (en kWh)
– l’équivalent de cette économie indiqué en nombre de kilomètres que parcourrait une voiture
– la quantité de gaz à effet de serre (exprimée en kilo de CO2) non émis
Un projet innovant
Les techniques mises en œuvre dans ce projet demeurent peu répandues. Elles intéressent plus particulièrement les grandes entreprises / collectivités qui ont un parc de plusieurs milliers d’ordinateurs et partagent le souci de réduire à la fois leur facture énergétique et leur bilan carbone.
Il est à noter que l’éditeur de ce logiciel est une jeune et petite entreprise française (née en 2003, 11 collaborateurs) qui a été lauréate du prix « Green IT Innovation 2011 » lors du plus grand salon informatique mondial, le CEBIT à Hanovre.
Témoignage et conditions de reproductibilité
Monsieur Bouchaïb Hadeg, Directeur des Systèmes d’Information du Conseil général des Yvelines
Comment avez-vous été amené à mettre en place cette démarche ?
« Il faut s’attaquer à tous les points de consommation et ces points de consommation on les trouve essentiellement au niveau des data centers, c’est-à-dire les centres de calcul, on les trouve au niveau des transports, on les trouve au niveau des postes agent, donc le poste final, le poste client. Pour ce qui concerne les data centers on y travaille sur des salles blanches avec une optimisation de la climatisation, une optimisation de l’énergie, la virtualisation accrue des serveurs et ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui, on aura peut être l’occasion d’en parler une autre fois mais ce qui concerne le sujet d’aujourd’hui c’est l’impact carbone du poste de travail final.
Le poste de travail final, pour rappel, ça représente à peu près 60 % de ce que consomme la DSI (Direction des Systèmes Informatiques). Nous avons travaillé sur la mise à disposition d’outils permettant d’optimiser l’énergie consommée par le poste de travail afin de délivrer la juste la puissance nécessaire au fonctionnement en fonction des application et des services utilisés par l’utilisateur final, de permettre un vrai sommeil de l’écran (contrairement à ce qu’on peut faire sur un pseudo éveil et là, dans ce cas, on a une consommation zéro quand on a un vrai sommeil de l’écran), de permettre au processeur de fonctionner avec la juste puissance et donc la juste consommation électrique correspondante. Sur ces 3 000 postes de travail, on s’est rendu compte qu’aussi bien sur un aspect écologique qu’économique on a une rentabilité très rapide. Dès la première année, quasiment, on rentabilise notre investissement et sur les années suivantes c’est autant de KWh à ne plus payer et donc vous voyez l’impact sur l’environnement. »
Bilan environnemental
Le logiciel « Avob Energy Saver » a été déployé jusqu’en juin 2012. Il est donc encore trop tôt pour dresser un bilan environnemental précis en partant de données observées.
L’expérimentation conduite en 2011 sur un échantillon de 50 machines a permis d’évaluer par extrapolation la consommation annuelle du parc de 2 900 postes de travail : soit 616 345 kWh (49 400 tonnes de CO2 ) pour un coût estimé à 53 000 €.
Toujours par extrapolation les économies prévues sur l’échelle temps d’une année sont les suivantes :
– 329 039 kWh (équivalent à l’énergie consommée par une voiture qui parcourrait 243 000 kms)
Bilan économique
– Investissement : 33 000 Euros (3 000 licences)
– Fonctionnement : Le droit d’usage de ce logiciel est de 4 900 Euros/an
– Économie prévue : 30 711 € (hors frais de licences et maintenance logicielle annuelle)
Certification / distinction
Avob est lauréate du prix « Green IT Innovation 2011 » au CEBIT (Centrum für Büroautomation, Informationstechnologie und Telekommunikation, le plus grand salon mondial des technologies de l’information)