Contexte
La station d’épuration des Plantins, d’une capacité de 11 670 Équivalents-Habitants, n’étant plus adaptée aux besoins des habitants, la commune de Beynes a décidé en 2011 d’engager sa reconstruction. L’intégration paysagère du futur équipement constituait une de ses attentes prioritaires, compte tenu de la sensibilité du site et de sa volonté de préserver le cadre de vie des habitants et la qualité de son patrimoine bâti.
Lancé en janvier 2009, l’appel d’offre pour la construction des bâtiments d’exploitation a été remporté par le bureau d’architecture AR Architectes. Les travaux ont été engagés en mai 2011 et l’équipement est opérationnel depuis août 2012.
Un parcours pédagogique à destination du grand public a été réalisé dans la station d’épuration, qui permet de mettre en avant l’éco exemplarité de ce bâtiment.
Présentation du projet
Optimisation de l’empreinte environnementale des travaux
Un bilan carbone a été établi en amont du projet, qui a permis de déterminer les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre lors de la construction, afin d’en réduire l’impact. Il a ainsi été établi que le potentiel de réduction le plus important se situait lors de la construction de la structure du bâtiment. C’est pourquoi l’usage du béton a été limité au maximum, ainsi que l’utilisation de carrelage intérieur, de même que des menuiseries bois ont été privilégiées à l’aluminium et au PVC
Du fait de cette réflexion préalable, la construction du bâtiment HQE de la station de Beynes a émis environ 9 tonnes équivalents CO2 de moins en comparaison d’un bâtiment d’exploitation classique en structure béton (respectivement 42 et 51 t eq co2). Soit l’équivalent, pratiquement, de 10 allers-retours Paris New-York en avion.
Au-delà du seul bilan carbone, l’empreinte environnementale du projet dans sa globalité a été optimisée, en prenant compte dans le choix des matériaux de leurs impacts en termes de consommations d’eau, de production de déchets ou de pollutions des milieux.
Intégration paysagère et écologique
La station des Plantins de Beynes se situe au cœur d’un site remarquable, bordé par une zone de fouilles archéologiques au sud et des terrains agricoles au nord. Le parti architectural consistait à créer un dialogue avec l’espace rural environnant, en respectant l’équilibre biologique en place et en intégrant par son traitement architectural et paysager le bâtiment d’exploitation : volumes, hauteurs et revêtements permettent d’harmoniser les nouvelles constructions avec l’environnement immédiat. L’intégration paysagère est renforcée par l’habillage d’un bardage en bois de Douglas ou d’un revêtement en gabions.
Recours aux éco matériaux
Le choix des matériaux s’est orienté vers l’utilisation de matériaux locaux et naturels, afin d’assurer une bonne intégration dans l’environnement et de minimiser l’impact écologique des installations :
– pierre, plâtre et chaux sont issus du sous sol local ;
– bois issu de forêts locales ;
– tuiles construites à partir de gisements d’argile locaux
Performance énergétique du bâtiment
Pour limiter au maximum leurs dépenses énergétiques, une approche bioclimatique a été adoptée pour la construction des bâtiments :
– Les bâtiments sont équipés de deux pompes à chaleur. L’une est un système de récupération de chaleur géothermique couplée à la VMC double flux, échangeant avec l’ensemble du bâtiment d’exploitation. La seconde est une pompe à chaleur eau/eau, fonctionnant avec un échangeur à plaque. Pour 8,8 kW d’électricité, elle produit 14 kW de chaleur pour une surface de 168,7 m² SHON ou 163,4 m² SHON-RT.
– Deux panneaux solaires thermiques, d’une surface totale de 4,2 m² (2,1 m² chacun) ont également été installés en toiture des bâtiments. Grâce à leur surface d’absorption de 1,9 m² chacun, ils devraient assurer 100 % des besoins en eau chaude sanitaire des bâtiments, sauf pic de froid extrême en hiver.
Gestion des eaux pluviales et protection de la biodiversité
Outre le confort thermique et acoustique qu’elle permet, l’aménagement d’une toiture végétalisée assure une infiltration des eaux pluviales et limite ainsi les eaux de ruissellement. Un ancien ouvrage hydraulique a par ailleurs été restauré en bassin de rétention, favorable au développement d’habitats naturels et à la biodiversité. Il constitue également une réserve d’eau disponible pour les pompiers. Enfin, les zones de circulation sont équipées de dalles alvéolées qui drainent les eaux de ruissellement, maintenant ainsi un sol propre et stable, même par temps de pluie, et profitent directement à l’arrosage aux zones enherbées du site.
Un projet innovant
L’aspect innovant de ce projet tient dans la démarche encore rare d’adopter une démarche de Haute Qualité Environnementale pour la construction des bâtiments d’une station d’épuration. Il s’agit du seul exemple en présence dans les Yvelines.
Témoignage et conditions de reproductibilité
Anaïs GUIMPIER, collaboratrice d’architecte AR architectes, démarche HQE®
Pourriez-vous apporter votre éclairage sur les conditions de reproductibilité d’une telle opération ?
« Ce projet innovant répond à la RT 2005. Et il pourra facilement servir de site exemple en éco-station d’épuration des eaux usées. Ce qu’il sera intéressant c’est de réfléchir davantage à la réduction des consommations énergétiques sur les bâtiments de la station pour répondre à la RT 2012, et d’intégrer des procédés de production d’énergie afin que la station d’épuration devienne à énergie positive. »
Bilan environnemental
- Optimisation du bilan carbone de la construction
- démarche de Haute Qualité Environnementale
- recours aux éco matériaux, dont bois de construction
Bilan économique
Investissement : 4 784 307 € HT
Dont travaux liés aux bâtiments : 1 215 650 € HT
Subventions : 3 625 171 €, soit 76 % de l’investissement total