Depuis le 20 novembre, 8 Yvelinois en réinsertion professionnelle travaillent à la construction de la « Maison des Yvelines » à Ourossogui (Sénégal), un projet conjoint entre les services départementaux d’action sociale, de la Mission coopération internationale et YCID.
Il ne fait pas encore trop chaud, le long de la RN1 à la sortie d’Ourossogui, et les bras actionnent avec vigueur les pelles et les marteaux, qui pour mélanger la terre, qui pour casser les pierres, pour la fabrication des briques. Richard, le chef de chantier « voute nubienne » venu spécialement du Burkina Faso, suit l’activité sur le chantier avec bienveillance et sans trop d’inquiétude : « Nous avons 60 000 briques à réaliser au total, et près de 10 000 devraient déjà être prêtes d’ici la fin de la semaine. Nous avons un peu d’avance sur le calendrier ». Sous sa responsabilité, une trentaine de personnes, et parmi eux 8 Yvelinois de 25 à 50 ans venus vivre l’aventure du chantier international d’insertion dans le cadre de leur parcours de retour à l’emploi mis au point avec les services d’action sociale du Département des Yvelines. 6 hommes et 2 femmes, ce qui n’a pas manqué de surprendre les maçons locaux au départ, mais elles ont rapidement montré qu’elles étaient à la hauteur : « On est même devenue celles qui ‘chambrent’ le plus sur le chantier », indique Ramata, à la manœuvre pour remplir les moules dont sortent les briques.
Construite en voute nubienne, une technique importée et modernisée de la région soudanaise, et particulièrement adaptée par ses propriétés thermiques à des environnements secs et chauds comme celui d’Ourossogui, la Maison des Yvelines doit ouvrir ses portes en juin prochain. Elle accueillera deux logements pour les représentants permanents d’YCID au Sénégal ainsi qu’un bloc administratif dont une partie proposera à la population locale un cyber café, attendu ici avec impatience par les jeunes. C’est l’association française Le Partenariat, qui dispose d’une équipe au Sénégal, qui a été retenue par le Département pour conduire ce chantier de 150 000€. Un chantier original a plus d’un titre, compte-tenu de ses caractéristiques architecturales et de la mise en place de ce chantier international d’insertion, et qui fait suite à celui organisé de la même manière au Togo en 2013.
Arrivés depuis 10 jours au Sénégal, ces travailleurs yvelinois se sont vite adaptés : 5 sont déjà originaires du Sénégal, et certains ont des compétences dans les métiers du bâtiment. Pour l’instant, pas de manque particulier, si ce n’est internet, qui relie aux familles, et qui devrait pouvoir prochainement fonctionner dans la maison qu’ils habitent ensemble, avec les deux travailleurs sociaux du Département détachés pour suivre le groupe et préparer son retour en France. Présents sur le chantier 5 jours par semaine, du lever du jour jusqu’au début d’après-midi, ils envisagent déjà des activités supplémentaires pour rendre service à la communauté : aider les femmes qui cultivent le champ maraîcher de l’Association pour le développement d’Ourossogui, rénovation de bâtiments scolaires en lien avec la Mairie d’Ourossogui, formation d’une équipe de football, réalisation d’un petit jardin derrière leur maison… Les six mois qu’ils s’apprêtent à vivre ici seront aussi mis à profit par tous pour passer leur permis de conduire. Pour certains, c’est aussi l’occasion de se rapprocher de leur famille : Ramata a son père qui habite à une heure d’Ourossogui, ils se sont déjà revus deux fois : « Il est très fier de moi, de ce que je viens construire pour le pays. Lorsqu’il passe devant le chantier, il ne manque jamais de klaxonner. Cela me donne envie d’en faire davantage pour aider les gens ici ». Jean-Marie Tétart, Président d’YCID et en mission au Sénégal, a été impressionné par leur détermination et leur implication. C’est promis, à leur retour en France, il les invitera tous à visiter l’Assemblée nationale, et marquer ainsi la reconnaissance des Yvelines et du pays à l’égard de leur engagement.