Réuni le 14 septembre, le Jury du Prix de la Charte yvelinoise pour la qualité des projets de coopération internationale a auditionné les 10 acteurs yvelinois ayant déposé une candidature. Il a finalement décidé d’attribuer le « Premier Prix de la Charte » d’une valeur de 3 000 euros à l’association « Energies Solidaires », pour son projet intitulé « Electrifications solaires photovoltaïques en milieu rural », mis en œuvre dans la province du Sanguié au Burkina Faso. Ce projet a fait l’unanimité auprès des membres du jury en raison de son caractère particulièrement exemplaire à chaque étape de sa mise en œuvre et de l’adaptabilité de la réponse apportée à chaque besoin identifié localement.
Pour l’attribution du Prix spécial du Jury, celui-ci n’a pas pu départager les associations « Solidarité Sénégal », pour son projet « Education moderne pour les 700 élèves de Warang », et « Solidarité Humaine Ile-de-France », pour son projet « Développement du Liligodo » : toutes deux se sont vues décerner ex-aequo le Prix spécial du Jury, d’une valeur de 2 000€.
3 questions à Sébastien Duquesne, Délégué général de l’association Energies Solidaires, Lauréate du Premier Prix de la Charte 2012
En quoi votre projet est-il exemplaire et peut-il inspirer d’autres expériences ?
Energies Solidaires a pris la décision il y a 15 ans d’intervenir uniquement sur la province du Sanguié au Burkina Faso et de se concentrer sur son savoir-faire en électrification rurale par l’installation de systèmes photovoltaïques sur des bâtiments d’enseignement et de santé. De très nombreuses sollicitations nous parviennent, nous demandant d’intervenir sur d’autres sites, toutes justifiées par le besoin criant d’accès à l’énergie, mais nous avons fait le choix de réfléchir mûrement à chaque nouvelle installation, d’apprendre à connaître les interlocuteurs et de s’assurer la viabilité de l’installation avant de s’engager sur une nouvelle réalisation. Toutes les demandes qui nous parviennent ne sont donc pas satisfaites.
La Charte yvelinoise a été adoptée en 2011, alors que votre projet était en cours. Cela vous a-t-il amené à prendre en compte d’autres facteurs dans la continuation de votre projet ?
La Charte est très complète et mérite d’être lue et débattue pour chaque projet. Cela nous a par exemple amenés à relire notre ambition à l’aide de l’outil « cadre logique » afin de vérifier que notre action (électrifier des bâtiments communautaires et installer des centres de recharge de batteries et téléphones) correspondait bien à notre vision (les habitants du Sanguié ont un accès de qualité à l’énergie photovoltaïque). Même si cela est difficile, il est important de remiser les moyens à mettre en œuvre en tout dernier maillon de la chaîne du projet et de toujours s’appuyer sur ses partenaires locaux (institutionnels notamment) au moment de la réflexion initiale sur le projet (pertinence) et pas uniquement au moment de sa mise en œuvre.
Vous terminez cette année votre projet dans la province du Sanguié. Sur quels projets allez-vous travailler maintenant, et sur quoi allez-vous faire plus attention ?
Fidèle au territoire du Sanguié et à la problématique de l’accès à l’énergie, nous avons passé déjà une année à étudier l’évolution du contexte (2 missions totalisant 5 mois de présence dans le Sanguié). Nous observons une multiplication d’acteurs revendeurs de matériels (panneaux photovoltaïques, batteries, onduleurs, régulateurs) mais qui n’ont aucune formation leur permettant de conseiller leurs clients et les installations réalisées sont très souvent totalement inopérantes. Nous ferons donc attention à diffuser très largement les informations sur les conditions d’utilisation d’une installation photovoltaïque et à la formation des commerçants vendant ces matériels. Nous n’oublions pas d’intégrer à nos réflexions l’action de l’Etat burkinabé dans le plan de développement du réseau d’électricité sur la province.